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Désolé, cet article n’a pas encore de version en anglais.

Évolutions et nouvelles

Un homme en sweat, capuche sur la tête, avance devant des caractères défilant vers le bas.

Ce n’était pas comme dans un roman, le temps n’a pas théâtralisé l’ambiance de ce jour : pas d’orage, pas d’éclair, pas de tonnerre annonciateur. Le soleil émettait ses rayons chauds au travers de la fenêtre. Je venais de m’inscrire à l’accueil du service, et je m’asseyais sur un banc dans la salle d’attente. Je reprenais la lecture d’un roman. Le stress et la peur me hantaient, les idées noires tentaient de s’exprimer dans ma tête. La lecture diminuait cette boule au ventre insupportable. Une tâche était apparue au centre de ma vision sur un œil trois semaines auparavant. Le diagnostic était déjà établi, et il n’était pas très bon. Le médecin vint vers moi. Elle affichait un regard de chien battu, et me salua en me tenant l’épaule. La communication non verbale en dit parfois bien plus que des monologues entiers. La matinée fut consacrée aux différents examens de la rétine. Poser le menton sur l’appareil, bien appuyer le front, ouvrir grand les yeux, supporter la douleur. Le rituel était le même sur chacun des appareils, encore et encore, interrompu uniquement pour appliquer des gouttes d’un produit ou d’un autre dans les yeux. Et cela durait depuis l’apparition du problème.

Je retournais en salle d’attente pour que les médecins se réunissent et débattent des résultats. Il était impossible de lire, les collyres avaient altéré totalement la vue. Et l’attente semblait de nouveau s’éterniser. La boule au ventre réapparaissait. Et finalement, le médecin m’accueillit dans son bureau. Les photos de la rétine montraient la cicatrisation, mais pas de récupération visuelle. Le verdict tombait : les chances d’amélioration étaient quasiment nulles. Je m’y étais préparé. Elle affichait de nouveau son regard de chien battu, exprimant une pitié exacerbée. Je haïssais ce rictus au plus profond. Je ne voulais pas de cette pitié. Je voulais voir, je voulais lire les lettres avec cet œil malade. Mais cela était impossible. Néanmoins, ma préoccupation principale concernait le reste. Pourrai-je continuer à voir à l’avenir ? Trois ou quatre ans de lecture, telle fut la réponse. Le corps était trop instable pour donner des pronostics viables mais celui-ci semblait réaliste. Trois ou quatre ans, telle était la réponse, ou du moins l’éventualité d’une réponse totalement imprécise. Un monde s’effondrait devant mes yeux.

Le temps de la déprime touche à sa fin. J’ai écouté tellement de musiques tristes en boucle, retenu mes larmes, et je me suis tellement interrogé sur le pourquoi. Il est désormais l’heure de penser au futur, d’adapter, de changer de vie, de se préparer. Je commence par arrêter tout ce que je ne pourrai plus faire à l’avenir. Je ne veux pas me créer une passion que je devrai abandonner par la suite, ce serait cruel. Il existe des solutions pour quasiment tous les gestes du quotidien. La tristesse et le désespoir doivent faire place à la hargne, à la lutte et à la joie de vivre. Trois ans ne seront pas de trop pour être prêt et pour réapprendre le quotidien. J’ai conscience qu’il y’aura des hauts et des bas, que chaque perte sera vécue comme un drame. Il me faudra garder un cap, m’assurer d’une autonomie et me fixer un objectif à ne surtout pas perdre de vue.

Ce blog est amené à évoluer. Tout d’abord, il a été épuré de toutes les activités que je ne pratiquerai plus. Je souhaitais au début m’intéresser au dessin, et proposer des planches BD. Mais je n’avais pas le niveau pour faire quelque chose d’extraordinaire. Le dessin me procurait une sensation de liberté, d’évasion. Et j’ai retrouvé cela en m’exprimant tout simplement avec des mots. Les articles ne sont pas pour autant supprimés, ils ont été regroupés dans la page d’archives disponible dans le menu en haut de l’écran. Le thème général du blog est devenu plus élégant, avec son fond anthracite et une police d’écriture différente. L’accessibilité est bien sûr renforcée. Je vais en avoir besoin. Les articles seront uniquement des écrits et seront séparés en trois catégories (fiction, psychologie, humeur). Enfin, la publication se fera plus fréquente. Je dois terminer d’aider des amis sur certains points de leurs sites web et je me ferai ensuite plus égoïste. Il est désormais temps de profiter de ce que j’ai, de me relever et d’avancer malgré les obstacles. Le combat est engagé et ne fait que commencer.

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